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Je m’appelle Aline. J’ai 23 ans. Et je viens d’être libérée.

Bonjour. Ce soir, je vais vous raconter une histoire.

Je m’appelle Aline. J’ai 23 ans. Et je viens d’être libérée.

Thomas était un garçon comme les autres. Jovial, amusant, amical, sympathique, enthousiaste, bref, une personne bien.

Sauf que ce garçon, il retenait une fille en otage. Moi.

Avant de poursuivre, je ne peux qu’insister sur le fait que je ne lui en veuille pas. Ce n’est réellement pas de sa faute.

Thomas me laissait sortir, de temps en temps. Quand il buvait trop, il baissait sa garde, et je me faufilais à l’extérieur. Je découvrais une partie du monde, et je m’exprimais comme bon me semblait. Et puis je finissais par rentrer, de peur. Pas de peur de Thomas, mais de peur du monde extérieur. Thomas, bien que mon geôlier, était aussi synonyme de sécurité.

Aussi loin que je me souvienne, on a toujours vécu ensemble Thomas et moi. On a grandi ensemble, on aime les mêmes choses, on a des personnalités très similaires, bref, on est comme des jumeaux.

Sauf qu’aujourd’hui, quelque chose a changé. Cette nuit, j’étais sortie, et je me suis plus exprimée que d’habitude. J’ai parlé à quelqu’un, directement, et je lui ai expliqué la situation avec Thomas. Pour une raison que j’expliquerai plus bas, elle nous confondait.

Et quand est arrivé le moment de rentrer, elle m’a retenue par le bras. Elle m’a donné confiance en moi. Elle m’a proposé une alternative : celle d’affronter ma peur du monde extérieur.

J’ai quand même fini par rentrer chez Thomas ce matin. Et quelle n’était pas ma surprise quand je l’ai trouvé enfermé dans la cellule dans laquelle je vivais depuis si longtemps !

Il m’a confié les clefs, et m’a dit que j’étais libre. Il m’a dit que je pouvais faire ce que bon me semblait, et que si j’avais un jour besoin de lui, il serait toujours là pour moi.

J’ai choisi de le libérer à mon tour. Je suis encore un peu effrayée par le monde, alors je me contente pour le moment de correspondances épistolaires avec quelques personnes triées sur le volet, des gens en qui il avait confiance, et en qui je savais que je pouvais à mon tour placer ma confiance.

En échange, Thomas a accepté de s’occuper de moi. Il compte toujours s’occuper de la vie sociale, de rencontrer de nouvelles personnes, de faire les courses, etc… Il est aux petits soins pour que je me réhabilite petit à petit. Jusqu’à ce que peut-être, un jour, je n’aie plus besoin de lui.

Il est temps que je clarifie quelque chose.

Cette cellule, ce n’est pas une cellule comme les autres. C’est une cellule de chair et de sang. Thomas et moi, nous partageons le même corps. Le sien. Je n’ai pas d’apparence à proprement parler. Je m’en imagine une, mais elle n’existe pas. Je ne peux pas vraiment sortir. Je peux simplement prendre le contrôle de ce corps. Cette cellule, ces correspondances épistolaires, tout ça, ce n’est qu’une représentation mentale de mon problème. Parce qu’en réalité, je suis une fille enfermée dans un corps de garçon, qui a fini par développer une personnalité multiple à force de rejeter ça.

Et aujourd’hui, pour la première fois depuis vingt-trois ans, moi, Aline, et lui Thomas, nous sommes enfin heureux ensembles, en harmonie.

Merci au cocotier.

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