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Chapitre 1 - Août


Chaque mois, une tentative de monde dystopique. Hésitez pas à signaler pour opérer des changements dans le texte si vous repérez des choses oppressives <3

Bonne lecture à vous toutes-tous !




 

Assis au bord de la rivière, il rêvait, les pieds dans l’eau. Cela faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu un été aussi chaud. Travailler dans les champs était pénible, douloureux, et sans cesse sa mèche se collait contre son front de manière gluante, l’empêchant de voir, de respirer même. Le courant était une récompense adorable et il aimait les joies simples. Il savourait sa chance.


Comme tout mâle dans ce monde, Jamie était né à une époque bénie. Sa famille avait toujours eu de quoi le nourrir, ce qui n’était déjà pas rien, mais elle avait en plus pu l’éduquer. Évidemment, on ne parle pas ici de lire et d’écrire, comme dans les anciens temps. Il rêvait d’ailleurs parfois de trouver une maîtresse qui puisse lui inculquer les rudiments, savoir faire autre chose qu’une croix pour signer son nom lui paraissait un rêve. Il s’était surpris une fois à tracer dans le sable de la berge des signes qu’il avait cru déjà voir. Puis son père était arrivé, et voyant là un signe d’hérésie, il avait effacé les traces en hurlant et en lui mettant un coup de pelle. Ils n’en avaient jamais reparlé.


Jamie était tant perdu dans ces pensées, qu’il ne vit rien arriver. Sa mère le bouscula du bout du pied, dégoûtée : feignant ! Et regarde dans quelle tenue tu es !!! Sa mère était incroyable, il l’admirait, c’était sa personne préférée dans le monde. Elle était intelligente, ambitieuse, curieuse. Autant de qualités qu’il avait des difficultés à avoir, peut-être car il était mâle. Il resta accroupi, baissant la tête de manière humble, comme son rang l’obligeait. Il avait crapahuté comme un grouillot toute la matinée : son kilt était déchiré et sale, et sa chemise laissait apparaître les poils de son torse. On pouvait même voir la trace que le soleil lui avait laissé, on pouvait sentir l’odeur de sel venant de sa peau marquée.Tout en gardant les yeux baissés, il demanda doucement pardon à sa bienfaitrice.


Elle grommelait qu’elles n’arriveraient jamais à rien faire de lui. Elle ajouta avec dépit, et tristesse : « et dire que j’avais trouvé une place pour toi ». Il se releva vivement, laissant ses mollets galbés surgir, et un œil averti aurait pu voir en un éclair la forme de ses fesses se dessiner. « Vraiment mère ? Est-ce chez une princesse ? Une reine ? Une noble tout du moins ? » Sa voix était claire et douce, à faire pâlir. La femme, grondant, lui jetant le châle qu’elle avait sur les épaules : « couvre-toi, indécent, tu le sauras bien assez tôt. Et va te faire beau, je t’emmène dans 1 heure ».


Jamie était ébloui par cette nouvelle ; quoi, enfin, lui, il allait pouvoir servir une de ces dames dont il avait toujours aimé imaginer la vie ! Toute son enfance n’avait été modelée qu’autour de cet unique objectif. Il espérait qu’il plairait à sa maîtresse, qu’il fantasmait déjà solide, cultivée, sensible, forte, émotionnelle, aimable et brave, telle une femme.


Sa mère vit qu’il rêvassait encore, et lui jeta une bassine vide au visage. « et n’y passe pas trois heures ». Le garçon soupira, et alla chercher ses attributs pour se mettre présentable. Il passa dans la chambre où il demeurait avec ses 4 frères, et chercha parmi ses affaires pour trouver son kilt du dimanche. C’était son préféré, avec des carreaux rouges et noirs, couleurs de son clan. Il récupéra une ceinture, une chemise en lin beige à lacets et des chaussettes assorties, et passa dans la salle de bain. La glace lui renvoya une image qui le surprit : sa barbe était assez épaisse pour être validée, on aurait même pu dire qu’il était beau. Ses lèvres était charnues, et il se sourit à lui-même, puis les mordit pour qu’elles deviennent carmin. Il paraît que cela plaisait aux maîtresses. Il continua l’inspection, afin d’être sûr de plaire au premier regard. Il enleva sa chemise et inspecta son torse : sans être glabre, il n’était pas ours. La forme en Y se dessinait galamment sur ses pectoraux dont il était si fier. Mais fierté ne fait point vivre un homme, et on lui avait déjà reproché de les exhiber. Une fois, dans un champ où il effectuait son service, une femme était passée et lui avait arraché son vêtement en riant, le montrant à ses amies. Il s’était senti plus que nu, et en gardait un souvenir frissonnant. A cette pensée, il trembla d’ailleurs, mais il devait poursuivre : tout poil n’étant pas dans le bon alignement devait être éradiqué. On le lui avait enseigné dès sa puberté. Il avait entendu parler d’un homme qui avait été rejeté car trop laid, pour des poils mal placés. Ses aisselles devaient être parfaites, et selon la norme, elles l’étaient. Elles sentaient cependant la sueur, sa mère avait bien fait de lui donner un baquet, qu’il remplit aussitôt d’eau savonneuse, non sans oublier d’ajouter quelques sels de bain. Mais tout cela lui avait déjà pris du temps, et il s’était oublié à contempler sa beauté. Il savait qu’il serait puni s’il était en retard.



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